CHARGEMENT

Notre monde brûle, exposition collective (Palais de Tokyo)

30 août 2020

Notre monde brûle, comme un ultimatum, un cri du cœur devant l’urgence climatique, pointée du doigt depuis des décennies et alors sous-estimée, aujourd’hui toujours ignorée voire reniée de certains puissants alors même que les évidences les plus flagrantes abreuvent l’actualité. Incendies qui se multiplient, révolte de la nature avec des phénomènes climatiques dévastateurs de plus en plus nombreux que ce soit pour l’homme ou pour la faune et la flore elles-mêmes.

Notre monde brûle, un écho aux conflits qui ont éclaté, et sont toujours à vif, dans certaines régions du monde et façonnent l’histoire moderne. Des luttes identitaires, des soulèvements pour une politique transparente ou une demande de démocratie croissante et des causes importantes qui, parfois, se mènent dans la violence et la répression.

Notre monde brûle, oui,  mais également d’un feu de spontanéité, d’impulsions, d’initiatives pour combattre l’inertie, pour faire émerger des alternatives, redonner un sens et de l’élan à un avenir, certes incertain, certes instable, mais commun et fragmenté de points de vue, de rencontres et d’échanges.

Notre monde brûle, Francis Alÿs (Palais de Tokyo, 2020)
Notre monde brûle, Francis Alÿs – Sans Titre
Notre monde brûle, Bouthayna Al Muftah - Echoes II (Palais de Tokyo, 2020)
Notre monde brûle, Bouthayna Al Muftah – Echoes II

Pensée depuis le Qatar par Abdellah Karroum, le directeur du Mathaf (Arab Museum of Modern Art), l’exposition prend pour épicentre artistique le Golfe arabique, le Proche Orient, points de départ d’un universel terrain de réflexions.
Elle pose la question même du « rôle » de l’artiste contemporain face aux crises qui agitent le monde, de ses possibilités d’action, par ses œuvres, pour faire bouger les lignes et être porteur d’un message fort et engagé ; de ces limites aussi.

Chacun des trente artistes* internationaux réunis apporte un éclairage personnel sur l’histoire, l’écologie, les conflits, l’équilibre précaire de notre réalité… Trente visions, trente mondes pluriels et singuliers dans un présent commun, opposées aux injonctions dominantes d’économie, de consommation et d’uniformisation de la pensée selon des axes directeurs admis ou imposés.

Notre monde brûle, Sara Ouhaddou - Sin ithran, ur mqadan, rousn / Deux astres, au déséquilibre, se brûlent (Palais de Tokyo, 2020)
Notre monde brûle, Sara Ouhaddou – Sin ithran, ur mqadan, rousn / Deux astres, au déséquilibre, se brûlent

Une mosaïque d’œuvres et des mediums variés qui allient poésie, revendications et empreintes intimes fortes.
Certaines révèlent des pans de l’histoire d’une nation, méconnus ou volontairement passés sous silence, interrogent l’évolution, parfois fulgurante, d’un pays et les transformations voire métamorphoses qui s’ensuivent, analysent les influences postcoloniales, leur dépassement ou des volontés d’émancipation et de construction.
D’autres posent la question de l’utilisation en excès, sans conscience, sans maîtrise, des ressources naturelles par l’homme, mettent en exergue le poids des activités humaines dans les changements environnementaux jusqu’à en arriver à créer lui-même des écosystèmes qui lui soient nuisibles ou hostiles. 

Toutes, loin d’être alarmistes, encouragent à trouver un nouvel élan, des alternatives raisonnées et esquissent des pistes de réflexion pour avancer, pour progresser et maintenir l’espoir des changements salvateurs qui construiront le futur.

Notre monde brûle, Otobong Nkanga - Abacus (Palais de Tokyo, 2020)
Notre monde brûle, Otobong Nkanga – Abacus
Notre monde brûle, Mustapha Akrim - Droit (Palais de Tokyo, 2020)
Notre monde brûle, Mustapha Akrim – Droit

S’il est des rencontres douces avec des œuvres, d’autres qui portent en elles la violence de confrontations frontales. Loin d’être anodines,  elles peuvent laisser des marques indélébiles d’un heurt avec soi-même, d’un face à face avec ses propres convictions, d’un changement profond de vision.
Et nous, que pouvons-nous faire ? Quelle est notre marge de manœuvre, nos possibilités d’action pour participer, nous aussi, activement, à des changements essentiels afin de sauvegarder nos mondes au sein de la Terre ?

Notre monde brûle, Sammy Baloji - Sans Titre (Palais de Tokyo, 2020)
Notre monde brûle, Sammy Baloji – Sans Titre

*Avec : John Akomfrah, Mustapha Akrim, Sophia Al Maria, Bouthayna al Muftah, Monira Al Qadiri, Mounira Al Solh, Francis Alÿs, Kader Attia, Sammy Baloji, Yto Barrada, Tania Bruguera, Aslı Çavuşoğlu, Faraj Daham, Bady Dalloul, Inji Efflatoun, Khalil El Ghrib, Mounir Fatmi, Dominique Hurth, Fabrice Hyber, Amal Kenawy, Amina Menia, Shirin Neshat, Otobong Nkanga, Sara Ouhaddou, Younès Rahmoun, Michael Rakowitz, Raqs Media Collective, Wael Shawky, Oriol Vilanova, Danh Vo

Notre monde brûle, exposition collective en collaboration avec le Mathaf
Palais de Tokyo 13 Avenue du Président Wilson 75116 Paris
Exposition du 21 Février 2020 au 13 Septembre 2020 

Facebooktwitterpinterestlinkedintumblrmail

Laisser un commentaire

J’ai lu et accepte la politique de confidentialité de ce site