CHARGEMENT

Retour en images : exposition “Lumière terrestre” de Cyrielle Gulacsy (Galerie Anne Sarah Benichou)

13 décembre 2023

Regardez autour de vous, la forme des arbres, des feuilles, des fleurs incarne un principe universel qui imprègne l’univers aussi loin que porte le regard. Au commencement, il n’y avait rien de vivant, et pourtant c’était déjà là. Nos télescopes en témoignent : depuis la nuit des temps, la lumière se multiplie et la matière s’organise. Les formes des premières étoiles et des nébuleuses qui les portent obéissent au même principe que celui qui déploie les pétales d’une fleur : capter la lumière et multiplier ses grains, les photons.

Cyrielle Gulacsy, Lumière terrestre - Terrestrial Light (Galerie Anne-Sarah Benichou)
Cyrielle Gulacsy, Lumière terrestre – Terrestrial Light (Galerie Anne-Sarah Benichou)

Par hasard ?
Oui, bien sûr, il n’y a pas deux formes semblables,
et c’est grâce au hasard que naît la singularité à l’origine de la beauté. 

Un rêve ?
Naturellement. La nuit n’est-elle pas le refuge du rêveur ?
La nuit, l’obscurité, les vides cosmiques et autres nébuleuses sombres cachent bien leur jeu. Le jeu de la lumière, qui leur donne un sens en dessinant leurs contours, en profitant de leur absence pour remplir le cosmos.

Et nous ?
Des êtres de lumière ?
Et pourquoi pas.
Mais aussi l’escargot, le trèfle, le chêne. Et la Terre… Et le Soleil… 

Cyrielle Gulacsy, lumière terrestre - VL-R 01 (Galerie Anne-Sarah Benichou)
Cyrielle Gulacsy, lumière terrestre – VL-R 01 (Galerie Anne-Sarah Benichou)

Tous les êtres vivants sont de puissantes sources de lumière infrarouge. Même le plus petit insecte, proportionnellement à sa masse, rivalise avec la puissance lumineuse d’une étoile. On se rend compte que l’abeille se distingue de l’étoile non pas par ses ailes ou son dard – même s’il faut reconnaître que l’étoile n’a ni l’un ni l’autre – mais parce que la matière qui forme le corps de l’abeille rayonne des milliers de fois plus de photons que celle qui habite l’étoile. 

Le temps égrène les grains de lumière et le monde se transforme. 

Comment capturer l’essence de ce mouvement, de ces transformations invisibles et paradoxalement lumineuses ? C’est peut-être ce qui unit et réunit les œuvres de Cyrielle Gulacsy. Elles naissent d’une même intention… Voir l’invisible. C’est de là que nous venons. Là où les particules de lumière sont les plus nombreuses, car la lumière existe même quand nos yeux ne la détectent pas. Heureusement, sinon nous serions éblouis par notre propre lumière… Avec elles, nous pouvons voir l’invisible, percevoir l’universel dans la singularité des formes vivantes et terrestres, reconnaître nos origines cosmiques, malgré nos singularités, retrouver le confort de se sentir enfin chez soi, au milieu des étoiles et des trèfles.

Lorsque nous regardons une œuvre de Gulacsy, la magie opère, nous réconciliant avec l’invisible, révélant l’universalité de notre singularité. Nos racines plongent dans les confins de la Terre jusqu’au cœur de l’univers. Peut-être parce que ce qui nous relie à l’œuvre, c’est notre fragilité, les fissures par lesquelles passe la lumière. 

Comment se fait-il que nous l’ayons toujours su sans jamais l’avoir pensé ?

Nos yeux ont la capacité de détecter un seul photon. Nous n’en sommes pas vraiment conscients, mais l’expérience a été faite, et le chercheur qui l’a réalisée a lui-même décrit la sensation qu’il a ressentie lorsqu’un photon s’est posé sur sa rétine : une sorte d’intuition, une forme d’intimité avec la lumière.

La science véhicule une forme de beauté, mais il faut du temps et de la persévérance pour en percer l’épaisse carapace qui sépare l’initié du profane. La finesse et la précision des œuvres de Cyrielle Gulacsy ouvrent de petites fenêtres qui permettent de voir à l’intérieur, de savourer la beauté des infinis, des contraires, à la frontière entre l’inerte et le vivant, autant d’expressions de cette lumière invisible inaccessible qui remonte aux origines du monde. 

Elles sont une invitation à une forme d’intimité avec la lumière, avec la lumière terrestre… 

Cyrielle Gulacsy, Lumière terrestre - VL-R 01 (close up)(Galerie Anne-Sarah Benichou)
Cyrielle Gulacsy, Lumière terrestre – VL-R 01 (close up)(Galerie Anne-Sarah Benichou)

Texte : David Elbaz
Curation : Galerie Anne-Sarah Benichou

Cyrielle Gulacsy, Lumière terrestre – exposition personnelle à la Galerie Anne Sarah Benichou
Jusqu’au 16 Décembre 2023
45 Rue Chapon 75003 Paris – 01 44 93 91 48
Du mardi au samedi : 11h-19h
Entrée libre et sans rendez-vous

Facebooktwitterpinterestlinkedintumblrmail

Laisser un commentaire

J’ai lu et accepte la politique de confidentialité de ce site